The Angel Standing in the Sun, William Turner
(1846), huile sur toile, 787x787 mm, conservé au Tate Gallery (Londres)
Pour la toute première œuvre étudiée, j'ai choisi
cette magnifique toile de Turner, l'une de mes préférées à vrai dire. L’œuvre
porte le titre très descriptif de The Angel Standing in th Sun. Il a été
réalisé par Turner (1775-1851), un artiste britannique qui a vécu à une période
où l'art subit de nombreux changements. Ainsi, il passe d'un romantisme
anglais, style qui cherche à se différencier de l'art classique en mettant en
avant dans leurs œuvres l'imaginaire, le mystère, le fantastique et le traitement
pathétique, à la recherche qui le pousse à étudier la lumière, devenant le
précurseur du mouvement impressionniste (qui cherche à reproduire les
impressions visuelles produites par les effets de la lumière en travaillant
l'atmosphère du sujet).
Ce tableau a été réalisé a la fin de la vie de Turner, alors qu'il a achevé ses recherches sur la lumière. Son style est plus libéré des conventions artistiques de son époque, et son génie ayant été très majoritairement reconnu, il n'a plus besoin de créer des œuvres qui correspondent à ce qu’attendent les spectateurs. Ce qui lui a d'ailleurs valu quelques critiques, certains doutant de sa santé mentale... Mais ils ne se doutaient pas qu'il allait être le précurseur de l'art impressionniste, et plus tard, de l'art abstrait!
Les figures en bas du tableau disparaissent
presque totalement, noyées dans un tourbillon de couleurs ocre, jaune,
marron... qui mettent en valeur les couleurs claires, toutes environnant la
figure centrale, celle de l'ange. Ces figures semblent bien sûr être les hommes
dans leur condition terrestre. Leur attitude est ambigüe : ont-ils peur de
cette apparition, ou sont-ils en train de la louer? Les contours de l’un
d’entre eux ont d’ailleurs été accentués par un fin trait marron, à tel point
que l’on pourrait se demander si ce n’est pas un squelette… Les hommes sont
dans une condition misérable, d’ailleurs ceux qui sont allongés n’ont pas l’air
très vivants… Des oiseaux apparaissent en haut du tableau, mais nous ne savons
pas s’ils se dirigent vers cet ange, ou s’ils le fuient…
La touche du peintre semble
faire des cercles concentriques de plus en plus clairs autour de l’ange, figure
centrale de l’œuvre, et de loin la plus détaillée. Nous voyons ses ailes (qui
ne sont d’ailleurs pas très réalistes, où se situe la deuxième ? Il y a
comme qui dirait des problèmes de perspective…), et sa robe d’or et de pourpre.
Comme nous en avons l’habitude, l’ange est asexué, il a de longs cheveux, des
formes assez féminines, mais un visage plutôt masculin. Il flotte au-dessus des
hommes, mais est-il ami ou ennemi ? Il porte une épée à bout de bras, mais
elle n’est pas dirigée vers quelqu’un, mais plutôt vers le ciel et les oiseaux…
Son visage n’est pas paisible, il est sur le point de crier, peut-être de rage,
peut-être de tristesse.
Alors cet ange est-il venu pour sauver les
hommes, ou pour les accabler ? Peut-être Turner a-t-il voulu représenter
l’ange de la délivrance lors de l’apocalypse, mais ce n’est pas mon avis.
Précurseur d’un art nouveau, Turner a selon moi voulu représenter l’ange de la
Modernité, qui apparaît parmi les hommes dans de grandes difficultés :
certains lui tournent le dos, certains pleurent en le voyant, d’autres parfois
le louent. Quoique les hommes puissent craindre, la modernité arrive à grand
pas, surtout lors de ce XIXème siècle, à l’heure de l’affirmation de l’identité
individuelle et nationale, de la reconnaissance des droits de l’homme, des
révolutions sanglantes, des révolutions industrielles, du changement de
paysages… Et surtout de l’arrivée de cet art qui souhaite se libérer de l’art
classique en mettant en avant les ressentis, les « impressions », et
provoquer chez l’observateur un déluge de sentiments…
Quelle est votre propre interprétation de cette oeuvre? :-D
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire