mardi 17 novembre 2015

Seul sur Mars







Seul sur Mars

En allant voir ce film de Ridley Scott, j’avoue que j’avais quelques appréhensions (cf : la déception de Prometheus). La bande annonce était aguicheuse, nous promettant un film scientifique, presque documentaire, basée sur l’histoire d’un homme qui a été oublié sur la planète Mars, et doit tenter de survivre. Très longue, la bande annonce, d’ailleurs. Trop. En fait, elle révèle les trois quarts du film, ce qui est vraiment dommage. Le film a donc été réalisé avec l’appui de la NASA, pour le rendre le plus crédible possible ; très prometteur donc pour les fans de science-fiction. Le film rempli bien son rôle et permet à tous de comprendre des raisonnements mathématiques complexes sans tomber dans le casse-tête à s’arracher les cheveux. Chaque décision que le héro prend pour tenter d’apprivoiser la planète est parfaitement expliqué, pour le plus grand plaisir des amoureux des sciences exactes et des allergiques aux incohérences.

Le casting est vraiment intéressant et ne comporte pas un nombre indécent d’acteurs hors de prix, pour nous permettre d’en découvrir des nouveaux ; bon, d’accord, le rôle principal de Mark Watney a été attribué à Matt Damon (qui avait d’ailleurs joué un homme abandonné sur une planète dans Interstellar), une valeur sûre qui a largement fait ses preuves dans ce registre de « seul contre tous », ce qui n’est pas sans attractivité, et Sean Bean, dont la filmographie n’est plus à rappeler, est également présent . Chiwetel Ejiofor répond aussi à l’appel, en Vincent Kapoor, une sorte d’ingénieur, le plus « humain » de tous, ainsi que Jessica Chastain, le capitaine de l’équipage ; elle a d’ailleurs joué dans… tiens c’est amusant : Interstellar ! Bon, ce n’est pas franchement une référence, autant l’avouer. Kristen Wiig et Kate Mara pour les autres actrices, Jeff Daniels, joue le rôle de Teddy Sanders, le directeur de la NASA, et Donald Glover pour le jeune savant... les acteurs sont tellement nombreux qu’il est difficile de vraiment retenir leur jeu, toutefois ils sont tous parfaits dans leurs rôles. Il a dû être bien difficile à Matt Damon de jouer ce rôle, seul dans autant de scènes, pourtant il est parfaitement entré dans la peau du personnage et porte presque le film à lui tout seul. 

Les prises de vues sont vraiment remarquables : tournés en Jordanie pour ce qui est des plans de la planète rouge, le jeu entre plans américains qui mettent le spectateur à l’échelle de Mark Watney et plans généraux qui accentuent encore plus le contraste entre l’immensité de la planète et le lieu de vie du héro est très efficace. La musique disco connue de tous nous permet d’apprivoiser en même temps que lui son nouvel habitat. L’ambiance dans les locaux de la NASA rendent parfaitement compte de son activité, nous avons l’impression d’être plongé au cœur du quotidien des personnes qui y travaillent, même si parfois, nous sommes perdus dans cet espace (peut-être est-ce un effet recherché qui renvoie à l’astronaute perdu sur cette planète ?). Le jeu de la caméra nous permet également d’être vraiment immergés dans cet espace rêvé, de se sentir en apesanteur avec l’équipage. 

Ah… Ces merveilleux américains… Quels héros… Toujours cette même rengaine, les américains sont au cœur de l’innovation technologique, les américains ont des valeurs que le monde entier envie, les américains trouvent toujours des solutions dans les situations de crise… Et allons-y sur les plans avec le drapeau américain, sur le tour du monde pour bien montrer que le souffle mondial (mais bizarrement pas celui de la France qui n’apparaît à aucun moment… Est-ce un message subliminal ?) est retenu face au suspens insoutenable de savoir si l’astronaute va revenir sain et sauf (même si dès le début, on ne peut douter du dénouement). Petit moment d’étonnement lorsque la NASA en appelle aux chinois pour les aider alors qu’ils ont échoué dans leur tentative d’envoyer du ravitaillement à Watney ; oui mais il ne faut pas exagérer, la contribution est certes déterminante mais la solution est au finale bel et bien trouvée par les américains. 

Malheureusement, le film sombre rapidement dans le cliché. Bon, ne parlons pas du cliché au niveau des personnages, qui reprennent tous les stéréotypes des films américains, mais plutôt des très fortes influences qui ont apparemment guidé la création. Même s’ils ont été remis au niveau par la technologie actuelle, de nombreux plans sont totalement (et assez honteusement) repris de films antécédents : 2001 A Space Odyssey bien sûr, pour les prises de vue du vaisseau tournoyant lentement sur lui-même, son agencement lui-même, et les prises de vue intérieures, le clin d’œil de Jessica Chastain en train de faire du footing… Une autre référence flagrante à Apollo 13 dans le plan très connu de toute l’équipe de la NASA qui hurle de joie à l’annonce de la réussite de la mission (oui, bon, on ne peut en blâmer Scott, on suppose que ce serait une réaction normale ; mais c’est tellement vu et revu que cela en devient lassant). Et enfin, par-dessus tout, c’est un plagiat sans vergogne du film Mission to Mars de Brian de Palma, dont de nombreuses scènes sont reprises et modifiées : certains plans de mars, la serre, et surtout la fameuse scène pendant laquelle l’une des astronautes veut sauver son mari en s’élançant vers lui dans l’espace, mais le câble qu’elle lui tend est trop court et elle assiste à sa mort. Ici, mêmes circonstances, même technique (ou presque), mais Watney est, bien sûr, sauvé à la fin. 

Quoi qu’il en soit, ce film reste agréable à voir, avec une très belle esthétique, logique, scientifique mais pas trop, avec une intrigue et un suspense qui nous maintient en immersion dans cette situation terrible qu’un homme a vécu, seul sur Mars. Qu'en pensez-vous? :-)


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