Seul sur Mars
En allant voir ce film de Ridley
Scott, j’avoue que j’avais quelques appréhensions (cf : la déception de
Prometheus). La bande annonce était aguicheuse, nous promettant un film
scientifique, presque documentaire, basée sur l’histoire d’un homme qui a été
oublié sur la planète Mars, et doit tenter de survivre. Très longue, la bande
annonce, d’ailleurs. Trop. En fait, elle révèle les trois quarts du film, ce
qui est vraiment dommage. Le film a donc été réalisé avec l’appui de la NASA,
pour le rendre le plus crédible possible ; très prometteur donc pour les
fans de science-fiction. Le film rempli bien son rôle et permet à tous de
comprendre des raisonnements mathématiques complexes sans tomber dans le
casse-tête à s’arracher les cheveux. Chaque décision que le héro prend pour
tenter d’apprivoiser la planète est parfaitement expliqué, pour le plus grand
plaisir des amoureux des sciences exactes et des allergiques aux incohérences.
Le casting est vraiment
intéressant et ne comporte pas un nombre indécent d’acteurs hors de prix,
pour nous permettre d’en découvrir des nouveaux ; bon, d’accord, le rôle
principal de Mark Watney a été attribué à Matt Damon (qui avait d’ailleurs joué
un homme abandonné sur une planète dans Interstellar),
une valeur sûre qui a largement fait ses preuves dans ce registre de
« seul contre tous », ce qui n’est pas sans attractivité, et Sean
Bean, dont la filmographie n’est plus à rappeler, est également présent .
Chiwetel Ejiofor répond aussi à l’appel, en Vincent Kapoor, une sorte
d’ingénieur, le plus « humain » de tous, ainsi que Jessica Chastain,
le capitaine de l’équipage ; elle a d’ailleurs joué dans… tiens c’est
amusant : Interstellar !
Bon, ce n’est pas franchement une référence, autant l’avouer. Kristen Wiig et
Kate Mara pour les autres actrices, Jeff Daniels, joue le rôle de Teddy Sanders,
le directeur de la NASA, et Donald Glover pour le jeune savant... les acteurs
sont tellement nombreux qu’il est difficile de vraiment retenir leur jeu,
toutefois ils sont tous parfaits dans leurs rôles. Il a dû être bien difficile
à Matt Damon de jouer ce rôle, seul dans autant de scènes, pourtant il est
parfaitement entré dans la peau du personnage et porte presque le film à lui
tout seul.
Les prises de vues sont vraiment
remarquables : tournés en Jordanie pour ce qui est des plans de la planète
rouge, le jeu entre plans américains qui mettent le spectateur à l’échelle de
Mark Watney et plans généraux qui accentuent encore plus le contraste entre
l’immensité de la planète et le lieu de vie du héro est très efficace. La
musique disco connue de tous nous permet d’apprivoiser en même temps que lui
son nouvel habitat. L’ambiance dans les locaux de la NASA rendent parfaitement
compte de son activité, nous avons l’impression d’être plongé au cœur du
quotidien des personnes qui y travaillent, même si parfois, nous sommes perdus
dans cet espace (peut-être est-ce un effet recherché qui renvoie à l’astronaute
perdu sur cette planète ?). Le jeu de la caméra nous permet également d’être
vraiment immergés dans cet espace rêvé, de se sentir en apesanteur avec
l’équipage.
Ah… Ces merveilleux américains…
Quels héros… Toujours cette même rengaine, les américains sont au cœur de
l’innovation technologique, les américains ont des valeurs que le monde entier
envie, les américains trouvent toujours des solutions dans les situations de
crise… Et allons-y sur les plans avec le drapeau américain, sur le tour du
monde pour bien montrer que le souffle mondial (mais bizarrement pas celui de
la France qui n’apparaît à aucun moment… Est-ce un message subliminal ?) est
retenu face au suspens insoutenable de savoir si l’astronaute va revenir sain
et sauf (même si dès le début, on ne peut douter du dénouement). Petit moment
d’étonnement lorsque la NASA en appelle aux chinois pour les aider alors qu’ils
ont échoué dans leur tentative d’envoyer du ravitaillement à Watney ; oui
mais il ne faut pas exagérer, la contribution est certes déterminante mais la
solution est au finale bel et bien trouvée par les américains.
Malheureusement, le film sombre
rapidement dans le cliché. Bon, ne parlons pas du cliché au niveau des
personnages, qui reprennent tous les stéréotypes des films américains, mais
plutôt des très fortes influences qui ont apparemment guidé la création. Même
s’ils ont été remis au niveau par la technologie actuelle, de nombreux plans
sont totalement (et assez honteusement) repris de films antécédents : 2001 A Space Odyssey bien sûr, pour les
prises de vue du vaisseau tournoyant lentement sur lui-même, son agencement
lui-même, et les prises de vue intérieures, le clin d’œil de Jessica Chastain
en train de faire du footing… Une autre référence flagrante à Apollo 13 dans le plan très connu de
toute l’équipe de la NASA qui hurle de joie à l’annonce de la réussite de la
mission (oui, bon, on ne peut en blâmer Scott, on suppose que ce serait une
réaction normale ; mais c’est tellement vu et revu que cela en devient
lassant). Et enfin, par-dessus tout, c’est un plagiat sans vergogne du film Mission to Mars de Brian de Palma, dont
de nombreuses scènes sont reprises et modifiées : certains plans de mars,
la serre, et surtout la fameuse scène pendant laquelle l’une des astronautes
veut sauver son mari en s’élançant vers lui dans l’espace, mais le câble qu’elle
lui tend est trop court et elle assiste à sa mort. Ici, mêmes circonstances,
même technique (ou presque), mais Watney est, bien sûr, sauvé à la fin.
Quoi qu’il en soit, ce film reste
agréable à voir, avec une très belle esthétique, logique, scientifique mais pas
trop, avec une intrigue et un suspense qui nous maintient en immersion dans
cette situation terrible qu’un homme a vécu, seul sur Mars. Qu'en pensez-vous? :-)
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